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Samedi 5 Septembre.


La nuit a été froide, la plus froide depuis le départ de Juillet. Il fait beau à mon réveil et la nuit a été calme. Je pars vers 8h 50, aujourd’hui fini de se reposer, il faut rouler, Carnac, puis Lorient par la forêt. Passant un pont, jugeant ma direction erronée, je me retourne pour vérifier les panneaux à contre sens. Je sens comme une douleur fulgurante dans le bas du dos, merde !! Je sais que ma tendance à la sciatique s’est réveillée, et que je risque de dérouiller. C’est toujours le problème des grandes villes qui ont un plan de circulation pour les automobiles, je me suis fait piégé à Coutances, là, je faisais attention à décrypter les panneaux pour trouver la banlieue qui me conduirait au plus vite vers Quimperlé. Comme d’ab, la Bretagne se fiche et des vélos, et de leur signalisation.

Le dos douloureux, j’avance assez doucement en économisant mes muscles dorsaux bien malmenés. Je suis rattrapé par un cyclo lorientais, adepte de la randonnée avec sacoches qui fait un tour à la journée, nous faisons route ensemble et devisons sur les randonneuses, la Bretagne et le vélo et les voyages pendant plus de 30km, passant agréablement Quimperlé, nous séparant vers Riec sur Belon. La douleur, atténuée se réveille quand je m’arrête pour visiter un jardin de sculptures d’Art brut bien jolies. A Pont Aven, je préfère poser le vélo pour visiter la cité des peintres et des galettes au beurre, logée le long de la rivière, marcher me fait du bien, je flâne tranquillement et prends un paquet de photos.


Je décide de rejoindre le camping de Rosporden pour prendre une douche longue et bien chaude, après 105km, avec encore une erreur de signalisation pour trouver le super marché, décidément.

 

Dimanche 6 Septembre.


La lombalgie est tenace, et malgré les calmants, je sens qu’elle va durer. Bon, aujourd’hui, ce sera une petite étape. Je vais terminer de bonne heure pour me reposer, espérons que le temps restera au beau, je pourrai ainsi chauffer le dos au soleil dans un champ. La sciatique, je connais, c’est comme le mistral, 1, 3, 5 jours ou plus.


Le vent vient de l’est vers Quimper et me pousse gentiment, vent d’Est en Bretagne, je ne savais pas que ça existait, tant mieux. Encore complètement paumé par l’absence de signalisation, je me lance volontairement sur la 4 voies interdite aux cycles sur 10 bornes, un dimanche, je ne risque rien, je provoque l’ire klaxonnesque des finistériens. Bof, allez-y les gars pour ce que ça peut me faire !! La Bretagne n’est pas simple, mais ça a l’intérêt de me conduire rapidement au centre ville  de Quimper. Le vieux quartier, les maisons typiques, la voie piétonne, c'est bien agréable, et je devise tranquillement avec quelques touristes de passage, beaucoup moins nombreux que la veille, sympa.


A midi, au soleil, j’inverse les pneus des roues avant et arrière. Le pneu arrière n’a fait que 5000km, mais la charrette et la montagne l’ont bien usé, ça ira jusqu’à Boissy. La route cyclable en terre battue est bien sympa et pour une fois m’évite la 4 voies, elle est dessinée sur l’ancien chemin de fer, sauf qu’au total, j’aurai fait 7km de plus, un bon tiers inutile. Peu importe, je préfère la route cyclable. Pont L’Abbé est une ville fantôme ce dimanche, au fait, si quelqu’un peut me rappeler le nom en breton, cela m’avait bien plu. Au seul bar ouvert de la ville, devant la Leffe qui devrait me soigner le dos, je devise avec un couple de cyclos de Kemper, je me souviens, le mec un peu jaloux de l’attitude à son goût un peu trop gentille de sa femme me la fait, du genre : « C’est trop plat la Bretagne, moi j’aime que la montagne, surtout sur les cyclosportives. », réaction typiquement bretonne, ces gars là aiment le cyclosport. Pour me marrer, je lui dis que j’ai fais 4 fois la Marmotte et que l’attelage est passé au sommet de 7 cols de plus de 2000m, ça jette un froid sur la conversation, ce n’est pas grave, la bière est bonne sur la terrasse au soleil. Après cet intermède, nous nous quittons bons amis, j’ai souligné que le maillot des cyclistes bretons noir et blanc était très réussi, heureusement, je n’ai pas poussé la provocation en lui disant que je souhaitais en acheter un, moi un parisien, pouvais-je le porter, à votre avis ? La Bretagne et moi, décidemment, y’a comme un malaise.


Je m’arrête dans un champ assez tôt comme prévu à 16h30, après 80 km. Il fait 20°C, le soleil tape et j’en aurai jusqu’à 20h, divine la Bretagne.

 

Lundi 7 Septembre.


Cela aurait du être une grande journée, y’avait de la bosse en pagaille, de la vraie qui monte sur 10km, du soleil et de la canicule bretonne, 23°C, de beaux villages, Locronan, Plonévez, Port Launay, Le Faou, Doualas et des villes agréables, Douarnenez, Châteaulin. Je m’étais préparé pour cette étape, le must du Finistère, ça l’a fait jusqu’à Brest, là, en quelques km, une barre s’est formée et 30 mn après un vilain petit crachin persistant en pluie intense, des entrées maritimes, dirait Mr Météo, j’en ai eu la journée franchement gâchée. Je ne savais pas que ce phénomène météorologique était courant et bien connu des bretonnants.


A part cet épisode désastreux qui ne m’a pas permis de guérir ma sciatique, ce fut fantastique sur les ¾ du parcours et j’en ai bien profité, petits ports, églises et maisons de caractère, abbayes et gens accueillants, des montées longues et régulières, des vaches, de superbes descentes, des cyclos un peu partout, pas de camions. Cette journée aurait du être digne des plus belles étapes de montagne, genre Ardèche, Drôme ou Jura suisse. Ma seule grosse erreur fut d’emprunter la 4 voies entre Plougastel et Brest, ayant oublié comment j’étais passé sur Paris Brest, erreur qui aurait pu être funeste dans la descente vers le pont, avec le vent, la pluie et les camions qui me frôlaient comme pour me punir d’être là, on est peu de chose, nous les cyclistes.


J’ai réussi à survivre à cette folie, j’ai pénétré dans la cité et rencontré par hasard le responsable brestois du Paris Brest 2007, qui se proposait de m’emmener vers le nord sous la pluie, en gentilhomme. Je lui demandé mon chemin pour sortir, Lambezellec,  Milzac,… La pluie redoublant, je me suis arrêté sur un GR à l’abri des arbres, la soirée n’a pas été facile. That’s life, faut faire avec, demain sera un autre jour. Je me console avec une bouteille de bon vin. 95km.

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Pierre Rabhi